Selon plusieurs observateurs, 2024 pourrait être une année de structuration et d'évolution importante pour le bitcoin. L'intérêt de grandes institutions, couplée à une régulation plus importante, pourrait bien démocratiser ce dernier, et faire augmenter sa valeur par la même occasion. Mais la prudence reste de mise.
Un sommet à 64400 dollars en novembre 2021, une chute à 16500 dollars en décembre 2022 puis un retour au-dessus des 40000 dollars en décembre 2023. Depuis deux ans, le bitcoin donne tour à tour sueurs froides et espoirs à toutes les personnes ayant décidé d'investir dans «la reine des cryptomonnaies». Mais alors, que peut-on attendre du bitcoin en 2024?
«Le bitcoin reste un actif volatil. Mais si on regarde en 2019, il était à 4000 dollars. Aujourd'hui, certains disent que le bitcoin est mort, mais on voit quand même une certaine résilience», expliquait Pierre-Yves Dittlot, fondateur de Ledgity, première plateforme crypto patrimoniale, à MoneyVox en octobre dernier.
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Avec une évolution de +160% sur l'année 2023, l'heure est aujourd'hui à l'optimisme. Car après une période de fortes turbulences, le marché des cryptoactifs et du bitcoin se structure. «En 2023, on s'est rendu compte que le marché des cryptoactifs était comme les autres marchés, détaille Stéphane Van Huffel, conseil est gestion de patrimoine et directeur général de Netinvestissem*nt. Les cryptoactifs ne sont pas une mauvaise chose, mais il peut y avoir des escrocs dans ce milieu, comme dans celui de la finance traditionnelle». Est-ce une raison pour rejeter en bloc tout le marché? Non, juge Stéphane Van Huffel: «C'est comme si, parce qu'il y avait eu Bernard Madoff, il ne fallait plus jamais investir en bourse, en actions ou en obligations. Il faut juste se montrer prudent.»
«C'est comme si, parce qu'il y avait eu Bernard Madoff, il ne fallait plus jamais investir en bourse»
L'effondrement de la cryptomonnaie Terra en mai 2022, puis la faillite en novembre de la même année de FTX, la 3e place d'échanges de cryptomonnaies, ont en effet fragilisé l'écosystème mais ont également permis d'assainir le milieu. Pour le secteur, le temps de la transparence est venu, grâce à une législation de plus en plus encadrée. La mise en place du PSAN (dispositif ayant pour objet la régulation du marché lié aux devises numériques, NDLR) encadre l'écosystème. Et en 2024, le règlement européen sur les marchés de cryptoactifs («Markets in Crypto-Assets» ou «MiCA») devrait renforcer la transparence et protéger les investisseurs, tout en harmonisant la réglementation au niveau européen.
BlackRock, Goldman Sachs et JP Morgan à la conquête du bitcoin?
Si la transparence et un cadre légal sont un socle nécessaire, c'est bien un autre phénomène qui pourrait finir de démocratiser le bitcoin aux yeux du grand public: l'arrivée de plusieurs ETF bitcoin, proposés par les plus grosses sociétés de gestion. «Goldman Sachs et JP Morgan étaient déjà intéressés, et ces dernières semaines, BlackRock, Fidelity Investments ou encore Franklin Templeton ont manifesté un intérêt pour le bitcoin, liste Stéphane Van Huffel. Il est donc possible de voir arriver un ETF Bitcoin très rapidement, dès janvier.»
«Dans l'inconscient des épargnants, Bitcoin peut devenir un produit comme un autre car il est démocratisé dans les médias et pourrait devenir facilement accessible avec la mise en place de ces nouveaux produits, juge Pierre-Yves Dittlot. Si on a une demande beaucoup plus forte, on peut avoir un choc extrêmement positif sur le prix du bitcoin. Quand les institutions financières ont commencé à créer des ETF sur l'or, il y a eu une très forte croissance du prix de l'or.»
Bourse: comment sélectionner les meilleurs ETF pour votre portefeuille
Une évolution à même de convaincre les réfractaires du bitcoin? De nombreux spécialistes de la finance continuent à voir les cryptoactifs comme un danger pour les investisseurs et estiment que l'engouement autour du bitcoin ne repose sur rien de tangible. Mickaël Hilbé, co-fondateur du site Mon-Placement.fr, assure garder une posture d'observateur face à ce produit, mais ne nie pas avoir un il sur le secteur et ses évolutions. «Si les ETF arrivent en version Unité de compte (UC) et qu'on peut les avoir facilement dans des comptes-titres, voire même si ça venait à être intégré dans une gamme assurance vie, je pense qu'on pourra commencer à le proposer aux clients qui nous sollicitent sur le sujet.»
«La vraie vocation du bitcoin, c'est le stockage de la valeur»
Reste la question de la valeur du bitcoin. «Aujourd'hui je ne vois pas d'usage au bitcoin comme monnaie d'échange, et je ne perçois pas de création de richesse, je n'ai pas cette compréhension, confesse Mickaël Hilbé. Ça reste un actif spéculatif.» Une vision en partie partagée par Yves Choueifaty, président-fondateur de la société de gestion d'actifs Tobam, pour qui «la vraie vocation du bitcoin, c'est le stockage de la valeur. On compare souvent le bitcoin à l'or, je préfère le comparer à un tableau de Picasso, car contrairement à l'or, il n'y a qu'un nombre limité de bitcoins (21millions, NDLR)»
Un dernier facteur pourrait accroitre la valeur du bitcoin en 2024. Un nouveau «halving» est en effet prévu pour avril 2024. Cet événement périodique a lieu dans les 4 ans dans le cas de Bitcoin. Comme l'explique le site cryptoast.fr, lors d'un halving, «la récompense en bitcoin décernée lors du minage de chaque bloc est divisée par deux. L'objectif principal de cette réduction de moitié est de maintenir l'inflation sous contrôle en réduisant la quantité de bitcoins qui sont créés au fil du temps.» Un phénomène qui peut donc augmenter la rareté du bitcoin, et donc influer sur son prix, surtout en cas d'intérêt grandissant de la part des investisseurs.
«On est sur une année 2024 où le prix du bitcoin devrait évoluer positivement, conclut Stéphane Van Huffel. Premièrement, on a désormais une vraie crédibilité et une forme de transparence. Deuxièmement, des grands acteurs institutionnels annoncent s'intéresser au bitcoin. Troisièmement, la rareté du bitcoin pourrait augmenter avec le halving de 2024. Beaucoup de spécialistes disent donc qu'on ne peut que voir cet actif prendre de la valeur.»
Attention cependant à prendre ses précautions. Si les cryptoactifs peuvent être un moyen de diversifier son épargne, ils restent un produit soumis à une importante volatilité. Si vous souhaitez investir dans les cryptos, faites-le progressivement, pour lisser les risques associés à la forte volatilité des cours. Veillez également à diversifier votre épargne en n'allouant pas plus de 5 à 10% de vos fonds à cette classe d'actifs. Et surtout, stockez vos cryptos en sécurité sur un wallet dédié. Ne les laissez pas sur les plateformes où elles sont exposées au risque de hacks ou de faillites.
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